Maintenant que l’émotion est passée,
et qu’il reposera en paix, je l’espère, je voudrais revenir sur l’assassinat de
ce jeune homme qui a défrayé la chronique.
Avant toute chose, j’adresse à sa famille mes sincères condoléances, parce qu’il n'y a rien de plus déchirant que de perdre un être cher, surtout dans des conditions aussi dramatiques.
Avant toute chose, j’adresse à sa famille mes sincères condoléances, parce qu’il n'y a rien de plus déchirant que de perdre un être cher, surtout dans des conditions aussi dramatiques.
Je
ne le connaissais pas, c’est à la suite de cette tragédie que j’ai découvert
qu’il existait un jeune homme célèbre dans la capitale camerounaise qu’on
surnommait l’économie.
Ils
sont ainsi nombreux, princes de la jet-set, rois de la nuit, empereurs du showbiz.
Ils mènent grand train, vie de luxe, filles de joie. Pour eux rien n’est trop
beau ni trop cher. Il faut toujours en mettre plein la vue et les réseaux
sociaux aident en cela. Il faut en permanence montrer qu’on peut faire plus
qu’hier et moins que demain. On doit se surpasser pour rester au top, parce que
sur le chemin de cette lumière qu’ils recherchent, il y a beaucoup de
concurrents impitoyables. Ils sont nombreux, qui recherchent le statut de
privilégi2, être celui dont on parle le plus, celui qui a les plus belles et
les plus célèbres des femmes, la plus belle voiture, qui farote le plus, qui
aligne le plus de bouteilles en soirée. Ça fait des courtisans, ça multiplie
les followers sur les réseaux sociaux, et ça flatte l’égo, ultime récompense de
cette course effrénée vers le m’as-tu-vuisme.
Sauf
que l’ego est une drogue dure, impossible de revenir sur terre quand on pense
tutoyer les étoiles. Rien ne fait peur quand il s’agit d’entretenir sa fierté.
On franchit cette ligne au-delà de laquelle on est capable de tuer pourvu qu’on
reste sous le feu des projecteurs. On peut convoiter la fiancée du diable
uniquement comme signe extérieur de grandeur. Il ne faut surtout pas être en
manque, parce que dans ce milieu-là, on ne baisse pas la garde. Comment boire
de l’eau quand on est connu comme celui qui boit toujours du champagne ? On se
prostitue, on commet des crimes, on fait des injustices… Beaucoup de victimes
rancunières et de cadavres dans les placards. La face cachée de cet étalage de
luxe sur les réseaux sociaux est souvent très sombre, mais ça n’intéresse
personne. Avec un peu de lucidité pourtant, on devrait se demander comment ils
font, pour la plupart sans travail, sans revenus, sans traçabilité de leurs
avoirs. On devrait normalement s’interroger sur l’origine de tout ça, mais
beaucoup se limitent à la contemplation et à l’acclamation. Si vous saviez le
prix de certains clichés sur Snapchat ou Instagram.
à lire aussi:ASSASSINAT DE BRYAN FORMBOR, DE NOUVEAUX ELEMENTS QUI JETTENT LE TROUBLE.
Trafic
d’ossements, enlèvement d’enfants, scam, braquage, fey, vol, détournement de la
fortune publique… Le chemin de cette gloire éphémère est souvent pavé de
victimes innocentes que personne n’a jamais pleurées. Plein de vies ont été
brisée pour quelques bouteilles de cristal en soirée. Ça peut choquer,
pourtant, c’est la réalité. Une réalité encore plus triste quand, on sait
qu’elle fait des émules, suscite des vocations. Beaucoup de jeunes qui veulent
aussi vivre cette vie-là, et á tous les prix d’ailleurs. Et n’allez pas croire
que même en le leur disant, ils redouteraient une fin tragique, non, avoir son
moment de gloire même s’il faut y laisser sa vie.
Sans forcer les traits, ceci est bien la peinture de notre société. En faisant la promotion du futile, du superficiel, du tape à l’œil, de l’immédiat… On a fabriqué de petits monstres. En érigeant les voleurs et les prostituées en modèles, on a banalisé le vice. Le manque de perspective par l’effort entraîne forcement vers le crime.
Sans forcer les traits, ceci est bien la peinture de notre société. En faisant la promotion du futile, du superficiel, du tape à l’œil, de l’immédiat… On a fabriqué de petits monstres. En érigeant les voleurs et les prostituées en modèles, on a banalisé le vice. Le manque de perspective par l’effort entraîne forcement vers le crime.
à lire : IVANA ESSOMBA, LA PROSTITUTION, UN HERITAGE FAMILIAL.
Il
y a certes des gens qui font du mal pour rien, par jalousie. Mais quand on est
organisé et déterminé comme celui qui a tué ce jeune homme, ça ne peut venir
que d’une frustration, d’une injustice, d’un esprit de vengeance, d’un
règlement de compte. Supprimer la vie à un être humain est souvent la sentence
suprême, quand il n'y a pas d’autre recours.
On
ne peut cautionner une telle barbarie, celui qui ôte la vie à un autre est
impardonnable. Mais sachez que le mal que vous faites pour le paraître,
l’injustice que vous semez sur le chemin de votre gloire, les peines et les
haines que vous laissez dans les cœurs peuvent vous rattraper de façon brutale,
et après quelques instants d’émotion, la vie continuera pourtant.
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