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BRYAN FORMBOR N’ÉTAIT PAS UN ANGE

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Maintenant que l’émotion est passée, et qu’il reposera en paix, je l’espère, je voudrais revenir sur l’assassinat de ce jeune homme qui a défrayé la chronique.
Avant toute chose, j’adresse à sa famille mes sincères condoléances, parce qu’il n'y a rien de plus déchirant que de perdre un être cher, surtout dans des conditions aussi dramatiques.
Je ne le connaissais pas, c’est à la suite de cette tragédie que j’ai découvert qu’il existait un jeune homme célèbre dans la capitale camerounaise qu’on surnommait l’économie.
Ils sont ainsi nombreux, princes de la jet-set, rois de la nuit, empereurs du showbiz. Ils mènent grand train, vie de luxe, filles de joie. Pour eux rien n’est trop beau ni trop cher. Il faut toujours en mettre plein la vue et les réseaux sociaux aident en cela. Il faut en permanence montrer qu’on peut faire plus qu’hier et moins que demain. On doit se surpasser pour rester au top, parce que sur le chemin de cette lumière qu’ils recherchent, il y a beaucoup de concurrents impitoyables. Ils sont nombreux, qui recherchent le statut de privilégi2, être celui dont on parle le plus, celui qui a les plus belles et les plus célèbres des femmes, la plus belle voiture, qui farote le plus, qui aligne le plus de bouteilles en soirée. Ça fait des courtisans, ça multiplie les followers sur les réseaux sociaux, et ça flatte l’égo, ultime récompense de cette course effrénée vers le m’as-tu-vuisme.


Sauf que l’ego est une drogue dure, impossible de revenir sur terre quand on pense tutoyer les étoiles. Rien ne fait peur quand il s’agit d’entretenir sa fierté. On franchit cette ligne au-delà de laquelle on est capable de tuer pourvu qu’on reste sous le feu des projecteurs. On peut convoiter la fiancée du diable uniquement comme signe extérieur de grandeur. Il ne faut surtout pas être en manque, parce que dans ce milieu-là, on ne baisse pas la garde. Comment boire de l’eau quand on est connu comme celui qui boit toujours du champagne ? On se prostitue, on commet des crimes, on fait des injustices… Beaucoup de victimes rancunières et de cadavres dans les placards. La face cachée de cet étalage de luxe sur les réseaux sociaux est souvent très sombre, mais ça n’intéresse personne. Avec un peu de lucidité pourtant, on devrait se demander comment ils font, pour la plupart sans travail, sans revenus, sans traçabilité de leurs avoirs. On devrait normalement s’interroger sur l’origine de tout ça, mais beaucoup se limitent à la contemplation et à l’acclamation. Si vous saviez le prix de certains clichés sur Snapchat ou Instagram.

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Trafic d’ossements, enlèvement d’enfants, scam, braquage, fey, vol, détournement de la fortune publique… Le chemin de cette gloire éphémère est souvent pavé de victimes innocentes que personne n’a jamais pleurées. Plein de vies ont été brisée pour quelques bouteilles de cristal en soirée. Ça peut choquer, pourtant, c’est la réalité. Une réalité encore plus triste quand, on sait qu’elle fait des émules, suscite des vocations. Beaucoup de jeunes qui veulent aussi vivre cette vie-là, et á tous les prix d’ailleurs. Et n’allez pas croire que même en le leur disant, ils redouteraient une fin tragique, non, avoir son moment de gloire même s’il faut y laisser sa vie.
Sans forcer les traits, ceci est bien la peinture de notre société. En faisant la promotion du futile, du superficiel, du tape à l’œil, de l’immédiat… On a fabriqué de petits monstres. En érigeant les voleurs et les prostituées en modèles, on a banalisé le vice. Le manque de perspective par l’effort entraîne forcement vers le crime.

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Il y a certes des gens qui font du mal pour rien, par jalousie. Mais quand on est organisé et déterminé comme celui qui a tué ce jeune homme, ça ne peut venir que d’une frustration, d’une injustice, d’un esprit de vengeance, d’un règlement de compte. Supprimer la vie à un être humain est souvent la sentence suprême, quand il n'y a pas d’autre recours.
On ne peut cautionner une telle barbarie, celui qui ôte la vie à un autre est impardonnable. Mais sachez que le mal que vous faites pour le paraître, l’injustice que vous semez sur le chemin de votre gloire, les peines et les haines que vous laissez dans les cœurs peuvent vous rattraper de façon brutale, et après quelques instants d’émotion, la vie continuera pourtant.
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