Kamala Harris la première femme à occuper
la vice-présidence des États-Unis. Portrait d'une ancienne procureure
dĂ©terminĂ©e, Ă l'histoire familiale digne du meilleur «rĂªve amĂ©ricain».
«Ma mère me disait souvent : "Kamala,
tu seras peut-Ăªtre la première Ă accomplir de nombreuses choses. Assure-toi de
ne pas Ăªtre la dernière".» Il y a un an, Kamala Harris croyait dur comme fer pouvoir devenir la première
présidente noire des États-Unis. Devant ses supporteurs, la sénatrice de 56 ans
évoquait sans retenue son ambition, notamment lors du premier débat de la
primaire démocrate au Adrienne Arsht Center de Miami. Un appétit certain pour
le pouvoir qui remonte à l'enfance. Malgré de nombreux atouts, la candidature
de Kamala Harris n'a toutefois pas su séduire les démocrates américains. Le 3
dĂ©cembre 2019, Ă court d'argent, celle que l'on surnomme la «Obama Girl»
prĂ©fĂ©rait jeter l'Ă©ponge. Avec un autre objectif en tĂªte : la vice-prĂ©sidence
des États-Unis. Objectif atteint.
Fille de parents immigrés
Elle a grandi Ă Oakland, dans la
Californie progressiste des années 1960. Fière de la lutte pour les droits
civiques de ses parents immigrés, la démocrate a toujours revendiqué ses
origines : un père jamaĂ¯cain professeur d'Ă©conomie et une mère indienne
aujourd'hui décédée, chercheuse spécialiste du cancer du sein. Alors qu'un
mouvement antiraciste secoue les États-Unis, la politicienne n'a pas été
épargnée par le racisme et la ségrégation. En juin 2019, elle livrait un
souvenir d'enfance encore douloureux : lorsqu’elle prenait, enfant, l’un des
bus chargĂ©s d'amener les Ă©coliers noirs dans les quartiers blancs. DĂ©terminĂ©e Ă
faire bouger les choses, Kamala Harris a bravé tous les obstacles pour
atteindre ses rĂªves.
La première procureure de Californie
Un temps prétendante sérieuse à la
Maison-Blanche, Kamala Harris a fait de son passé de procureure une force.
Avant de se retirer de la course Ă la prĂ©sidentielle, l'AmĂ©ricaine Ă©tait mĂªme,
aux yeux de certains dĂ©mocrates, la mieux placĂ©e pour «mener le rĂ©quisitoire»
contre Donald Trump, et battre le républicain à la présidentielle de novembre.
Il est vrai que, depuis le début de sa carrière, Kamala Harris a accumulé les
titres de pionnière. Après deux mandats de procureure à San Francisco
(2004-2011), elle a été élue deux fois procureure de Californie (2011-2017),
devenant alors la première femme, mais aussi la première personne noire, Ă
diriger les services judiciaires de l'État le plus peuplé du pays. Puis, en
janvier 2017, elle a prĂªtĂ© serment au SĂ©nat Ă Washington, s'inscrivant ici
comme la première femme originaire d'Asie du Sud et seulement la seconde
sénatrice noire dans l'histoire américaine.
"Pas trop Ă¢gĂ©e et noire"
L’expĂ©rience que Kamala Harris a engrangĂ©
dans les branches judiciaire, exĂ©cutive et lĂ©gislative faisait aussi d’elle la
candidate «parfaite», confiait en juin 2019 Ă l’AFP Marguerite Willis,
ex-candidate démocrate au poste de gouverneur de la Caroline du Sud. Avant
d’observer : «Elle n'est pas trop Ă¢gĂ©e (...) et c'est une femme noire, ce que je
trouve très important en ce moment», sous-entendu dans un contexte oĂ¹
le racisme augmente sous la présidence Trump, et davantage encore depuis la
mort de George Floyd, tué par un
policier le 25 mai 2020, cette dernière entraînant une vague de protestations,
portée par le mouvement #BlackLivesMatter aux États-Unis.
Côté vie privée, rien à signaler. Mariée
depuis août 2014 à l'avocat Douglas Emhoff, divorcé et père de deux enfants,
Kamala Harris n'a jamais caché son histoire familiale, elle dont la soeur Maya
est une ancienne aide de campagne de Hillary Clinton en 2016.
Dans les pas de Barack Obama
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D’habitude chaleureuse et dĂ©tendue - les
Converse, qu'elle collectionne, sont un peu sa marque de fabrique, et presque
une arme politique - Kamala Harris sait se montrer ferme quand il le faut. Au
Sénat, elle s'est notamment fait remarquer pour ses interrogatoires serrés, au
ton parfois glaçant, lors d'auditions sous haute tension. Ă€ l’instar de celle du
candidat conservateur controversĂ© Ă la Cour suprĂªme Brett Kavanaugh, en 2018.
Mais ses supporteurs voient cette rigidité comme un signe de sa grande
dĂ©termination. «Elle s'empare du porte-voix Ă chaque fois qu'elle le peut» pour
défendre, notamment, un système judiciaire plus juste pour les Noirs, confiait
l'an dernier Deitra Matthew, l’une de ses supporters venue rencontrer la
candidate Ă Columbia (la capitale de la Caroline du Sud, NDLR). «Je dois
admettre que je n'ai pas Ă©tĂ© aussi emballĂ©e par un candidat depuis 2007», avant
l'Ă©lection de Barack Obama. Kamala Harris, la femme de la situation.
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