C’est une courte vidéo qui n’arrête pas de tourner
sur les réseaux sociaux depuis ce week-end. Il s’agit de l’inhumation
d’une jeune travailleuse domestique dans le cimetière pour non-musulmans de
Jubai, en Arabie saoudite. Le corps de la jeune femme, enveloppé dans un simple
drap blanc, est mis en terre à l’aide d’un bulldozer. Des images qui ont suscité
émoi et indignation chez une population très respectueuse des rites funéraires
et qui relancent une nouvelle fois le débat sur la migration – interdite depuis
2013 – de ces travailleuses dans les pays du Golfe.
La vidéo, filmée par une Malgache, dure
un peu plus d’une minute. Sur un terrain de terre qui s’étend à perte de vue,
un engin de chantier s’attèle à recouvrir de terre un trou au fond duquel a été
déposée la dépouille. On y voit plusieurs femmes vêtues du tchador noir,
filmant elles-aussi la scène en pleurs. « Arrête,
arrête, calme-toi, relève-toi, il y a plein de poussière », dit la femme qui filme à celle effondrée, à côté
d’elle.
Nous sommes le 11 mars. Ces
travailleuses malgaches viennent d’assister à l’inhumation du corps de leur
compatriote. La défunte, originaire de Sambava, dans le nord de Madagascar, est
décédée en septembre dernier, d’une mort brutale, alors qu’elle venait de
rompre son contrat d’employée de maison. Faute d’argent, sa famille n’a pas
réussi à faire rapatrier son corps sur la Grande Île.
Après la diffusion de la vidéo, la
réaction au pays a été immédiate. Mais pour l’agence onusienne de
l’Organisation internationale du travail (OIT) et Noémie Razafimandimby
l’administratrice nationale du projet Reframe visant à améliorer le cadre de
recrutement des travailleurs migrants, s’insurger ne suffit plus : « Ça choque la
société, mais le problème reste le même : les filles continuent à partir et à
chercher par tous les moyens, parfois, à quitter leur village pour rejoindre
ces pays-là. Et ça restera la même situation tant que des mesures n’auront pas
été prises pour présenter des alternatives à ces femmes qui souhaitent
aujourd’hui migrer et espèrent avoir une vie meilleure dans ces pays, tant que
les partenaires sociaux et les organisations de la société civile n’auront pas
renforcé leurs interventions pour la sensibilisation contre la traite des
personnes et contre le recrutement clandestin, et tant que les médias ne
contribueront pas à la pérennisation de la réflexion et de l’information
objective sur ce phénomène-là. »
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Aujourd’hui, le ministère des Affaires
étrangères comptabilise au moins 500 ressortissantes en Arabie saoudite.
Presque toutes sont des travailleuses domestiques. Toutefois, les statistiques
exactes n’existent pas. Depuis 2013, Madagascar a mis en place un décret
suspendant la migration de ces travailleurs vers les pays dits « à haut
risque » et régulièrement pointés du doigt pour l’exploitation des
travailleuses étrangères. Mais grâce à des réseaux clandestins, beaucoup de
jeunes femmes, peu informées, arrivent à rejoindre les pays du Golfe pour y
être embauchées, rendant ainsi le décompte impossible pour l’État malgache.
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