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Les grandes épidémies de l’Histoire
De nombreux passants ou cyclistes parcourent les grandes villes
américaines en portant un masque, même en étant éloignés les uns des
autres. Certains États américains, comme le Maine, continuent d'ailleurs
d'exiger le port du masque sur les chemins de randonnée et sur les
plages. La question de l'utilité de telles mesures est débattue par les
experts.
l est beaucoup plus sûr d'être dehors
Les scientifiques ont
beaucoup appris sur la Covid-19 depuis le début de la pandémie. Ils savent
désormais que les surfaces ne jouent pas de grand rôle dans la transmission du
virus et que désinfecter à outrance est un gaspillage de temps et de
ressources. De nombreux experts considèrent en revanche que la
transmission de la maladie est aérienne. Elle se propagerait principalement via
de fines particules qui restent en suspension dans l'air pendant une certaine
durée, et non par les gouttelettes émises par une toux ou un éternuement, qui
tombent rapidement au sol.
C'est pourquoi il est
beaucoup plus sûr d'être à l'extérieur qu'à l'intérieur, estime Jose-Luis
Jimenez, un expert des aérosols, professeur à l'université de Colorado
Boulder. "Il
est beaucoup plus dangereux d'être à l'intérieur parce que les murs, le plafond
et le sol piègent l'air", notamment en cas de mauvaise ventilation’’, explique-t-il à l'AFP. "L'extérieur est beaucoup moins
risqué parce qu'il y a plus d'air en mouvement" et que l'air qu'on expire
s'élève, notamment quand il fait chaud.’’
Mais cela ne veut pas
dire qu'il n'y a aucun risque, ajoute-t-il. De la même façon que l'on est
susceptible d'inspirer une partie de la fumée de la cigarette de son voisin qui
fume à l'extérieur, il est possible d'être contaminé par la Covid-19 si l'on
reste longtemps à proximité d'une personne infectée, même dehors.
Quels sont les risques d'infection?
On compte désormais
plusieurs études sur les risques de contamination à l'extérieur. En octobre
dernier, des chercheurs chinois ont publié une enquête dans la revue Indoor Air, dans laquelle ils compilaient
des informations sur 7.324 cas, dont l'endroit où le virus avait été transmis. Sur
les plus de 7.000 cas, un seul concernait une transmission à l'extérieur: un
villageois de 27 ans infecté en janvier 2020 après une conversation dehors avec
une personne contaminée, près de Shangqiu, dans la province du Henan (centre).
Plus récemment, le
journal Irish Times a demandé aux autorités
sanitaires irlandaises combien des 232.164 cas recensés dans le pays au 24 mars
2021 avaient été contaminés à l'extérieur. La réponse a été 262 cas, soit à
peine 0,1% du total. Il est possible que cette estimation soit exagérée,
étant donné que les autorités se sont basées sur des informations non vérifiées
d'activités extérieures -- comme un emploi dans la construction ou la pratique
d'un sport -- mais certaines personnes concernées ont aussi pu avoir participé
à des rassemblements à l'intérieur.
Donald Milton,
professeur à l'université du Maryland et l'un des pionniers de la science des
aérosols, conseille d'éviter les foules à l'extérieur, notamment lorsqu'il est
prévu de crier ou chanter comme lors d'un match, un concert ou une
manifestation, et s'il n'y a pas de vent. Mais il ne pense pas que porter
un masque en permanence à l'extérieur soit nécessaire.
"Quand
je fais mon jogging dans mon quartier, où les maisons sont espacées d'au moins
10 mètres et qu'il n'y a que quelques personnes qui promènent leurs chiens et
des enfants qui jouent dans des jardins, je garde mon masque dans ma
poche", confie-t-il. "Je ne peux pas courir très
longtemps avec mon masque", explique-t-il. "Si je m'arrête pour parler à des gens, je peux le mettre. Si
je marche avec des amis, je le porte."
Le masque politisé
Le port du masque est
devenu une question hautement politisée aux Etats-Unis, où les conservateurs,
sous l'impulsion de Donald Trump, y voient un affront à leur liberté
individuelle. Les progressistes prennent généralement le virus plus au
sérieux et voient dans le masque une façon de montrer leur solidarité avec leur
voisin en temps de crise. Mais pour Amesh Adalja, un expert en santé
publique de l'université Johns Hopkins, il est temps de revenir sur l'obligation de porter un masque à
l'extérieur et d'adopter une approche plus nuancée et plus fidèle aux données
scientifiques.
"Les
masques ont été tellement politisés que certaines personnes dénoncent d'autres
individus pour leur faire honte", regrette-t-il. "Je pense que c'est contre-productif.” "Ce que nous
voulons, c'est que les gens, et notamment ceux qui ne sont pas vaccinés,
portent un masque lorsqu'ils sont à l'intérieur et qu'ils ne peuvent pas
respecter la distanciation sociale", explique l'expert.
Donner l'impression
qu'il est dangereux d'être à l'extérieur pourrait pousser les gens à se réunir
à l'intérieur, ce qui est pire, selon lui. Certains experts avancent que
l'intérêt de rendre le port du masque obligatoire à l'extérieur est que cela
simplifie le message à destination du public, ce à quoi objecte Amesh
Adalja. "Le
seul résultat, c'est que le public a moins confiance dans les autorités
sanitaires", estime-t-il, notant
que le public est en mesure de lire des revues médicales et se rendre compte
que le discours public diffère des données scientifiques.
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