Richard Bona-Mani Bella, le Dagobert qui fâche.

  

Voilà bientôt une semaine que le clash entre la pala pala woman et Ninja autour de la nouvelle trouvaille musicale de Mani Bella dure. Un style de clash qui n'est pas nouveau dans notre pays et qu'on ressort chaque fois qu'une chanson d'un artiste déplaît à certaines personnes pour des raisons qui n'ont souvent rien à voir avec les prétextes évoqués.

Depuis près d'une semaine, le torchon brûle entre Mani Bella et Richard Bona. Le bassiste, véritable sommité de la World music reproche le texte et le clip jugés vulgaire de son nouveau titre Dagobert, une polémique qui une fois encore remet sur le tapis la question des goûts musicaux et du regard condescendants que jettent si souvent certains artistes qui estiment à tort ou à raison avoir réussi et être des experts en la matière sur les artistes restés au pays.

Le deux poids deux mesures, une spécialité de Richard Bona ?

En reconnaissant d'entrée de jeu que Bona est une véritable légende de la musique qui fait des concerts partout dans le monde, on a bien envie de savoir s'il est au courant ou pas des textes des musiciens américains, notamment les rappeurs qui sont truffés d'obscenités et d'appel à la violence ? Pourquoi n'est-on jamais tombé sur une critique de Bona contre Nicki Minaj, Cardi B ou même des textes de Tupac ? En outre est-ce le rôle d' un artiste de vouloir museler le talent des autres ? Qui plus qu'un artiste qui a souvent eu à faire face aux incongruités de la dictature de la pensée unique devrait savoir que la création est d'abord un acte libre ? Pourquoi vouloir penser à la place du public qui lui accueille bien ces oeuvres que les zélotes dénigrent ? 

Pourquoi ne pas laisser le public juger ?

C'est carrément faire insulte au public camerounais que d'estimer qu'il ne connait pas ce qu'il aime. La moindre des choses serait de le laisser décider de si oui ou non il apprécie Mani Bella, son manque d'éducation, sa vulgarité et son Dagobert.

Surtout qu'on ne saurait oublier que  chaque courant musical a ses codes et ses canons : le bikursi de nature est une musique grivoise destinée le plus souvent aux adultes qui n'a aucune vocation éducative.

C'est quoi ce acharnement sur le bikutsi ?

La belle excuse des  puritains bantou qui veulent enchaîner l'art et les artistes c'est d'évoquer les enfants et la moralité, une excuse qui ne saurait tenir dans un monde où The Bachelor passe à la télé aux heures de grande écoutes et où dans chaque maison il y'a un décodeur Canalsat avec ce que ça comporte de films violent et truffés de scènes érotiques. Une excuse qu'on ne peut que trouver bancal dans un monde où la plupart des enfants ont accès à un smartphone et à des sites pornographiques.

On finit par se demander si Bona, qu'on sait proche de certains milieux ethnosupremacistes et qui n'a jamais fait mystère de ce qu'il tient le bikutsi ,qu'il réussit à assimiler sans qu'on ne sache comment au pouvoir en place, pour responsable de la relégation du Makossa au deuxième plan n'essaie juste pas par des détours malhonnêtes de régler ses comptes au bikutsi